MEUNERIE
Moulins Soufflet suit les filières à la trace
par Florence Mélixil y a 2 ans5 min de lecture
Le nouvel outil de Moulins Soufflet à Corbeil-Essonnes (Essonne) compte deux moulins pouvant écraser chacun 450 t/j de blé.
Grâce notamment à son nouvel outil de Corbeil-Essonnes, Moulins Soufflet souhaite développer les filières tracées, qui représentent, en 2023, environ 60 % des volumes de blé réceptionnés.
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En février dernier, l’ancien moulin de Corbeil-Essonnes (Essonne) a été mis à l’arrêt pour laisser la place au tout nouvel outil de Moulins Soufflet, après cinq ans de construction et 45 M€ d’investissement. « L’ancien moulin pouvait réceptionner jusqu’à 1 300 t/jour de blé pour de la farine destinée à l’export, rappelle Bertrand Guilloteau, directeur général de Moulins Soufflet. Le nouvel outil est plus petit car il réceptionne 1 000 t/j, mais il est beaucoup plus technique pour produire des farines tracées, et plus agile pour répondre aux demandes de nos clients. » L’objectif pour cet outil, qui, selon Thierry Blandinières, est « le plus moderne du monde » : développer les filières tracées, et « devenir leader européen de la filière durable », a annoncé le directeur général d’InVivo, lors de son inauguration, le mercredi 14 juin.
Équipé des dernières technologies, le nouvel outil, érigé sur cinq étages afin de bénéficier de la force gravitationnelle pour travailler les produits, est composé de deux moulins. Ils sont capables d’écraser chacun 450 t/jour de blé (soit 270 000 t/an au total pour les deux outils, à savoir le tiers de la collecte totale des huit moulins Soufflet en France). « Pour éviter les contaminations croisées, un moulin est consacré aux blés de filières tels que CRC, HVE, Label Rouge, Semons du Sens… et le deuxième est réservé aux blés conventionnels et NF V30-001 », explique Alexandre Crétois, responsable de la production sur le site de Corbeil-Essonnes.
L’outil produit toutes les farines pâtissières et boulangères usuelles (T45, T55, T65), mais il est également doté d’un process meunier très technique qui permet de fabriquer de la T38 (avec 0,38 % de cendres minérales). « C’est un taux très faible, précise Xavier Villette, directeur commercial pour les industriels chez Moulins Soufflet. C’est le seul moulin en France à pouvoir atteindre cette qualité de farine en de si gros volumes, jusqu’à 8 000 t/an. Cette farine est notamment destinée à Cérélia, leader dans la fabrication de pâtes à dérouler. »
120 coops et négoces
Doté d’une motorisation innovante, l’outil permet de « redistribuer l’énergie électrique non consommée », souligne Alexandre Crétois. Cela permet de réaliser une économie d’énergie de 30 % par rapport à un moulin traditionnel.
15 % des blés du site, positionné en bord de Seine, sont acheminés via des péniches en provenance de l’Aube, de la Marne, de l’Yonne et de la Seine-et-Marne. « 80 % des blés sont issus d’un rayon de 100 km autour de Corbeil-Essonnes, précise Cyril Ponsin (photo en médaillon), directeur des achats de blé et des ventes de coproduits chez Moulins Soufflet. La moitié des blés qui sont réceptionnés proviennent de Soufflet Agriculture, ce dernier bénéficiant d’une importante capacité de stockage sur place. » L’autre moitié est issue des OS locaux : Axéréal, Île de France Sud, Scael, Caproga, Coisnon, Cérèsia, coopérative d’Esternay, SeineYonne (lire encadré)…
Plus largement, sur les 800 000 à 850 000 t/an de blés collectées par les huit moulins Soufflet situés en France, le ratio est plutôt d’un tiers en provenance de Soufflet Agriculture et deux tiers issus de 120 coopératives et négoces « avec lesquels nous entretenons des partenariats de proximité à travers des engagements en volume et en qualité », souligne Cyril Ponsin.
Une destination industrielle aux 2/3
« Nous travaillons 70 % des volumes en mélanges de variétés et 30 % en variétés pures pour la biscuiterie ou les buns par exemple, poursuit-il. En 2023, environ 60 % des volumes de blé collectés sont destinés à des filières tracées. » Sur ces volumes, 60 % (environ 280 000 t/an) sont issus de la démarche Semons du Sens du groupe Soufflet, pour produire notamment les références de la gamme Baguépi Farine Responsable.
Les débouchés finaux des Moulins Soufflet sont à « 36 % des boulangeries artisanales, précise Cyril Ponsin, et à 64 % des industriels tels que Barilla pour le pain de mie, McDonald’s pour les buns, Pasquier, Mondelēz, les boulangeries industrielles telles que Bridor, Agromousquetaires ou Neuhauser ». Pour Episens, le pôle blé du groupe InVivo auquel est rattaché Moulins Soufflet, mais aussi AIT Ingredients, Soufflet Biotechnologies et Neuhauser, l’ambition est ainsi de « valoriser la chaîne de valeur du blé avec une approche filière durable », du grain au produit fini.